Portrait d’un jeune diplomate par Agostino Gaetano Ugolini (1755-1824)

Huile sur toile, portrait d’un jeune diplomate par Agostino Gaetano Ugolini (1755-1824). 

Ce portrait ovale représente un jeune aristocrate et son chien. À droite de la composition, des détails soigneusement intégrés enrichissent l’œuvre : une étagère avec des livres reliés, une maquette sphérique, une carte ancienne et une lettre. Sur cette dernière, une inscription précise permet d’identifier le sujet : « All’ Illustrissimo Signor », suivi de « Il Nobile Signore Gio Giacomo Marastoni ». La date 1788, inscrite en chiffres romains (MDCCLXXXVIII), témoigne de son contexte historique. 

La carte TEATRO DELLA GUERRA PRESENTE TRA LA RUSSIA E LA PORTA OTTOMANA publiée à Venise vers 1788 est l’œuvre d’Antonio Zatta (1757 – 2 avril 1797) cartographe vénitien. C’est une grande carte de la mer Noire et des anciens pays, avec une carte de l’insertion de la partie nord-est de la Moldavie (Bucovine) et des camps militaires, des villes et châteaux fortifiés. Cette carte a été créée pour illustrer la guerre entre les Russes et les Ottomans (1768-1774), conséquence de l’avancée russe en Pologne, dans laquelle les Russes ont remporté des victoires.

La guerre russo-turque de 1768 est l’amorce d’une expansion considérable de l’Empire russe des Balkans vers les rives de la mer Noire, modifiant ainsi l’équilibre géopolitique de la Méditerranée orientale au XVIIIe siècle.  

Sur le plan international, cette guerre russo-turque a un fort retentissement. Car c’est au nom de l’Antiquité, grecque certes, mais aussi byzantine et chrétienne que Catherine a prétendu mener son combat contre l’empire ottoman.  

Dans notre portrait il existe beaucoup d’éléments qui renvoient à l’Antiquité grecque: le nom d’Euclide sur un des livres sur l’étagère, la sphère terrestre ptolémaïque créée par Ptolémée à qui on attribue généralement la naissance de la cartographie scientifique.

Quant à la tresse de cheveux dans la main du jeune homme il s’agit probablement de la tresse de Bérénice. Dans la Grèce antique, les cheveux représentent souvent un symbole positif de force, beauté et liberté. Le don d’une mèche de cheveux était d’ailleurs la plus précieuse des offrandes.  

Ainsi, pendant l’année 243 avant JC la reine Bérénice II d’Egypte promet sa chevelure à la déesse Aphrodite pour garantir la vie et le retour de son époux pharaon Ptolémée III Évergètes, appartenant à la dynastie ptolémaïque. Les Ptolémées n’étaient pas égyptiens, mais Grecs. Ils ont régné en Égypte pendant 3 siècles et la dernière reine fut Cléopâtre.  

Évergètes est revenu triomphant, mais la chevelure de Bérénice, restée dans le temple, a été volée par un prêtre fâché du fait que l’offrande a était faite à une déesse grecque. Conon, l’astronome de la cour connu pour son amitié avec Archimède de Syracuse est intervenu pour résoudre l’incident et a déclaré qu’Aphrodite avait accepté l’offrande et emporté la chevelure au ciel, formant ainsi la constellation qui brille au pôle Nord Galactique. En effet, sa mèche de cheveux (Coma Berenices) est l’une des constellations canoniques, et la seule qui porte le nom d’un être humain.  

Il s’agit du portrait d’un diplomate vénitien.

Depuis la fin du Moyen Âge, l’histoire de l’Europe semble essentiellement marquée par la guerre. La paix apparaît toujours précaire. Cette présence de la guerre conduit à deux évolutions parallèles. D’une part, se construit une organisation géopolitique en multiples États, qui défendent chacun leur indépendance « souveraine » et élaborant une politique étrangère. C’est le « système westphalien » que l’Europe a imposé au monde et qui forme, aujourd’hui encore, le cadre des relations internationales. D’autre part, s’élaborent des méthodes sophistiquées de dialogue associant trois préoccupations majeures : la représentation, l’information et la négociation. C’est ce que nous appelons la « diplomatie »: le travail des « diplomates », mais ces notions ne s’imposent que très tard, à la fin du XVIIIe siècle, pour désigner cet art de la paix et ces hommes de dialogue.  

Si les pratiques de négociation et l’aspiration à la paix remontent à l’Antiquité, le mot de « diplomatie » n’apparaît dans son sens moderne qu’à la fin du XVIIIe siècle.  

Au XVIIIe siècle, la figure de l’ambassadeur s’impose enfin comme un véritable modèle social : son travail s’avère certes crucial pour maintenir la paix en Europe, mais son mode de vie incarne aussi les valeurs qui fascinent la société des Lumières. Il mêle la maîtrise du langage et du corps, la politesse et le faste des cours, le cosmopolitisme et le goût des voyages.   

Les attributs représentés renvoient plutôt à ce genre d’activité : la cartographie, l’astronomie, la philosophie politique avec des œuvres d’Euclide, Petrarque. Et Montesquieu, dont la lecture a fortement inspiré à Catherine II la volonté d’intégrer, comme le voulait Pierre le Grand, la Russie à l’Europe. Et le quatrième nom est celui de Claude-François-Xavier Millot (1726-1785) un homme d’Église, de lettres et historien français, mais aussi aumônier du roi de Pologne (1765-1766), Stanislas II qui était un ancien amant de Catherine II et qu’elle installa sur le trône. 

En 1768, Millot est appelé dans le duché de Parme « pour concourir, par son travail, à l’établissement d’une espèce d’École militaire pour l’éducation de la noblesse ». 

 La plupart des diplomates européens font preuve d’un esprit encyclopédique et scientifique et participent à ce titre à la circulation des idées en Europe. Ils appartiennent aux grandes familles aristocratiques.


La correspondance est au cœur de leur l’activité, ils sont avant tout des informateurs et, dans un second temps seulement, des négociateurs c’est pour cela qu’une lettre est représentée sur l’étagère au milieu des livres. Toutes les nouvelles étaient transmises à travers deux types de documents : les 
dispacci(« dépêches ») et les relazioni (« rapports »). Le titre de Nobile (« Noble ») qui est inscrit sur la lettre était plutôt donné au patricien vénitien envoyé à Saint-Pétersbourg et à ceux qui effectuaient des missions à l’étranger comme ministres plénipotentiaires.  


A propos du peintre Agostino Gaetano Ugolini  (1755-1824) 
sa fortune professionnelle est étroitement liée au lieu où il a vécu et travaillé: Vérone (république de Venise), et où il a pu entrer facilement en contact avec les prélats les plus influents.

Largeur : 73 cm.

Hauteur : 94 cm.

Avez-vous des questions ?

Avez-vous des questions ?