Portrait ovale de Louise Guesde, fille de Jules Guesde (1845-1922), par le peintre espagnol Fernando Tirado, formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Séville, élève des peintres Cano et Gérôme, et exposant au Salon parisien de 1879 à 1884.
Louise Guesde, âgée de douze ans lorsqu’elle est peinte par Fernando Tirado, est la fille de Jules Guesde (1845-1922) journaliste républicain militant dont les articles lui valurent plusieurs condamnations, le poussant à l’exil dès 1871 pour avoir soutenu la Commune de Paris.
Réfugié en Suisse puis en Italie, Guesde se rapproche peu à peu du philosophe Karl Marx. De retour en France en 1876, Jules Guesde reconstitue le mouvement ouvrier et lance avec Paul Lafargue le journal L’Egalité. Guesde est l’un des fondateurs du Parti Ouvrier en 1882, rebaptisé Parti Ouvrier de France en 1893. Il poursuit ensuite une carrière dans la politique, député en 1893 pour la circonscription de Roubaix et réélu en 1906 jusqu’à sa mort à Saint-Mandé en 1922.
La petite Louise, représentée ici, épouse Boris Chapiro-Volpert en 1901, et, l’année suivante, met au monde Liliane Louise Hélène Volpert (1902-1982), future comédienne des Années Folles, plus connue sous le pseudonyme de Lilian Constantini , épouse de l’industriel Charles Schneider (1898-1960), dirigeant des usines Le Creusot.
Parcours étonnant, en 1924, Louise épouse en secondes noces le réalisateur suisse Jacques Robert, qui dirigeait sa fille Liliane depuis 1921 dans ses films muets.
Le peintre Fernando Tirado fait ses classes à l’Ecole des Beaux-Arts de Séville, formé notamment par Eduardo Cano (1823-1897). En 1878, le jeune disciple se rend à Paris pour y achever sa formation, où il rencontre Jean Léon Gérôme (1824-1904), dont il fréquente l’atelier, mais aussi José Jiménez Aranda (1837-1903). Raimundo de Madrazo (1841-1920), l’oriente vers la pratique du portrait, dont il se fait une spécialité.
Hormis le portrait, Tirado se fait connaître pour ses scènes de genre, tour à tour galantes ou orientalistes. Le peintre accorde une grande importance à la représentation d’intérieurs luxueux, héritage de l’école parisienne. Il expose au Salon à Paris, en 1879, 1881, 1882, 1883 et 1884. Cette dernière année, il présente un « portrait d’enfant ». Peut-être celui de Louise ?
Définitivement retiré à Séville, Tirado obtient la chaire de Dessin à l’antique et d’après-nature à l’Ecole des Beaux-Arts. Il se consacre à l’enseignement, aux commandes de portraits et de scènes pittoresques andalouses.
Le portrait de Louise révèle l’habileté du portraitiste, laissant deviner par sa touche le charme mélancolique du visage de l’enfant. Tirado, à la manière des maîtres du début du XIXe, rend minutieusement la physionomie de son sujet, qu’il rehausse de quelques touches lumineuses (la fleur et la broche) perdues au milieu d’un fond neutre et d’un vêtement sombre, pour que le spectateur ne se concentre que la douce expression de la petite fille.
Portrait est signé et daté 1884.
Hauteur: 58.5 cm.
Largeur: 42.5 cm.
Profondeur: 2 cm.