Huile sur toile, portrait de famille, avec son cadre en bois d’origine, rentoilé.
Au milieu du XIXe siècle, la bourgeoisie, actrice et bénéficiaire de la révolution industrielle, veut laisser à la postérité l’image de sa réussite économique et sociale. À défaut d’appartenir à une noble lignée, elle célèbre la famille, clé de voûte de ce nouveau modèle bourgeois. L’enjeu est alors de se fabriquer une image en même temps que de se construire une généalogie, une légitimité historique. Sous la monarchie de Juillet, le nombre de peintres de portrait explose.
Il s’agit surtout de portraits académiques visant à statufier une famille pour l’éternité. Cette académisme subsistera jusqu’au 20e siècle.
Le peintre facturait alors son portrait en fonction du nombre de mains et les prix s’envolaient s’il était en pied.
Notre tableau exprime particulièrement bien la position de la mère dans la famille bourgeoise : elle est au centre de la composition, digne, et calme, elle règne sur son intérieur comme sur sa famille. Le père est protecteur.
Conformisme vestimentaire, tenue stricte, sérieux, autorité patriarcale, sont les principales caractéristiques psychosociologiques de ce groupe familial. Pas une note de gaieté… à première vue! Puis le regard trouve sur le père un air doucement ironique, on frôle le sourire! Tout comme la mère qui hésite et voudrait bien elle aussi. Chaque visage rend parfaitement compte de la « véritable nature » du modèle, et le peintre apportant ça et là des touches de fantaisie, nous appelle à questionner ces personnages si singuliers… était-ce à la demande de la famille ? … se plier aux conventions… mais pas tout à fait?!
XIX siècle,
France
Hauteur: avec cadre: 91 cm; sans cadre: 71 cm.
Largeur: avec cadre: 78 cm; sans cadre: 58 cm.