« Adam et Eve », XVII siècle

Grande huile sur toile « Adam et Eve, fruit défendu », quelques petits repeints de pudeur charmants.

L’histoire d’Adam et Ève prend ses sources dans le récit de la Création, plus précisément dans les premiers chapitres du Livre de la Genèse. Dieu crée d’abord l’homme, il crée ensuite le paradis terrestre, le jardin d’Eden, que l’homme est chargé de cultiver et de garder.  Tant qu’Adam se contenterait de vivre dans un état d’innocence perpétuelle, tous ses besoins physiques seraient satisfaits. Puis, Dieu crée la femme à partir d’une côte de l’homme. Adam fut ravi de découvrir sa nouvelle compagne. Ils étaient tous deux nus, mais leur innocence les empêchait de faire l’expérience de la honte ou de distinguer le bien du mal. Tous deux vivent nus et heureux, jusqu’à ce que le serpent tente la femme de prendre un fruit sur l’arbre de la science. Celle-ci en mange, l’homme aussi. Alors tous deux eurent conscience qu’ils étaient nus et en eurent honte. Dieu, après les avoir revêtus de peaux de bêtes, les chassa du paradis terrestre.

Le Maniérisme puis le Baroque ont introduit en peinture une « lumière dialectique » qui permet le récit, l’articulation narrative, qui pouvait montrer du doigt tel saint, tel objet, tel péché. Cette « lumière signifiante » a augmenté les possibilités de contrastes, de clair-obscur, donc de récit créant en même temps de formidables effets de reliefs. Cette lumière divine, celle du narrateur omniprésent ou du peintre deus ex maquina, permet d’opposer, au sein d’un seul et même espace scénique. La lumière peut éclairer un personnage qui n’a pas encore commis la faute, mais qui ne va pas tarder, telle Eve. La lumière peut décentrer l’attention sur le personnage principal qui est Adam, encore dans l’ombre avance vers la lumière. Elle permet, notamment à l’époque de la Contre-Réforme, une meilleure propagande religieuse à travers une exacerbation des sentiments (sacrifice, angoisse, rémission, doute et tentation). La lumière de Dieu n’est pas partout : elle éclaire de la partie haute à gauche sans éclairer le visage d’Adam, ce dernier se tournant vers Eve, qui elle, en tant que l’objet de la tentation est éclairé fortement par en haut.

Le visage dans l’ombre est la clef du tableau. Adam dans l’ombre, tourné vers Eve, anticipe modestement sa destinée : celle de rédempteur de l’humanité, sauveur qui se tient entre le genre humain et notre Père céleste, l’homme qui a engendré toute la race humaine. Adam est une créature dont la charge symbolique est ambivalente : encore pur du péché, Adam est le symbole par excellence du Christ ; favorisé par Dieu, Adam est le symbole d’une existence de l’âme pour laquelle l’existence du corps n’est pas un poids. Saint Paul assimile ainsi le Christ à la figure du premier homme, le qualifiant de « nouvel Adam ».

Toscane, Italie

XVII siècle

Hauteur: 181 cm

Largeur: 128 cm

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