Portrait de gentilhomme, vers 1700

Huile sur toile, portrait de gentilhomme, rentoilage ancien, cadre en bois sculpté d’origine.

De plus en plus appréciées dans la seconde moitié du XVIIe siècle les robes de chambre en forme de kimono en toile de coton appelées en France des indiennes en référence à la provenance de leurs étoffes peintes et teintes en Inde et rapportées par les compagnies des Indes orientales. Les robes de chambre sont faites pour les grands élégants, uniquement.
La robe de chambre en indienne a été évoquée par le Bourgeois gentilhomme de Molière ; vêtu d’un tel vêtement, ce dernier s’exclame fièrement: « Je me suis fait faire cette indienne-ci ».
Au XVIIIe siècle devient assez fréquent pour les aristocrates de poser devant un artiste en robe de chambre. Ces portraits distillent des sentiments divers d’aise, de confort, mais aussi de puissance et de majesté. Car être représenté ainsi vêtu demande une certaine liberté d’esprit et une grande assurance.
À partir de 1660 l’Europe s’enthousiasma pour les textiles indiens. Leur usage dans l’ameublement et l’habillement s’imposa dans les milieux aisés et les « Indiennes » constituèrent jusqu’aux trois-quarts des marchandises en provenance de l’Inde. La raison de leur succès tient avant tout à la matière première dont ils étaient faits : le coton jusque-là quasi inconnu en Europe, dont la finesse, la légèreté, le lavage aisé, le caractère hygiénique, le prix modique et motifs floraux aux couleurs chatoyantes assurèrent le triomphe.  C’est le marché provençal qui restera toujours le plus important, les provençaux en faisant grand usage.
La deuxième raison du succès des « Indiennes » résidait dans l’emploi des techniques de peinture et surtout d’impression sur étoffe, dont l’Europe ignorait jusque-là le principe de fixation. Délicieusement exotiques, elles étaient peintes avec deux couleurs dominantes, le rouge, tiré de la racine de garance et le bleu, extrait de l’indigotier.
Attentif à la question du textile, Colbert s’est intéressé aux efforts de ses prédécesseurs à l’époque d’Henri IV, pour développer la culture de la soie et en 1664 il créa la compagnie des Indes Orientales ce qui développe fortement la vogue des indiennes en France. La haute bourgeoise s’arrache alors ces étoffes, Madame de Sévigné lance la mode à la cour de Louis XIV.
Dès 1672 on fait venir avec l’appui de Colbert à Marseille une colonie de négociants et de techniciens arméniens dont le savoir-faire est reconnu depuis des siècles, c’est le point de départ de l’impression européenne. Bientôt, l’Angleterre (v.1670) et les Pays-Bas (1678) installent leurs premières manufactures. En France, l’essor est vite brisé.
Les protestations des soyeux et des lainiers s’amplifient à partir de 1681 quand plusieurs ateliers lyonnais doivent s’arrêter.
Mais la situation devient plus aigüe avec la révocation de l’édit de Nantes en 1685 qui provoque une fuite d’argent et de compétences hors du royaume.
Pour lutter contre la crise économique qui s’installe, en octobre 1686 le pouvoir royal ordonne l’interdiction d’importation, fabrication et usage des toiles imprimées ou peintes.
L’objectif est de mettre un terme à la vogue des indiennes et de protéger les grandes industries textiles françaises que sont le lin, la soie et la laine, ces activités bien implantées et fortement exportatrices,
La prohibition ne sera abolie qu’en 1759, 74 ans plus tard !
La Compagnie des Indes fut autorisée à poursuivre son commerce des cotons blancs dans le royaume. Elle put continuer celui des cotons colorés et imprimés à la seule condition de les réexporter hors de France. C’est le marché africain qui lui fournit son débouché.
Un grand nombre d’indienneurs se replie alors sur Avignon, possession papale non touchée par l’édit. La Toscane est aussi une terre d’accueil.
Notre portrait représente probablement un jeune toscan ce qui est souligné par la fleur de lys rouge (symbole de la ville de Florence) sur ses étoffes.
Le tissu rayé de la couleur ocre qui s’apparente à la couleur de la terre de la Toscane rappelle le tissu des manches de la robe de Marie de Medicis sur plusieurs de ses jeunes portraits.
Ce qui est également remarquable sur le portrait c’est le travail de la dentelle qui est probablement celle d’Alençon.
L’industrie de la dentelle d’Alençon a connu depuis sa création au XVII siècle une vogue croissante et devenue la plus coûteuse des dentelles au XVIII siècle jusqu’au déclin de cette industrie au début du XX siècle sous la concurrence de la dentelle mécanique.
C’est dans les années 1660 qu’est inventé, par Marthe La Perrière, le « point d’Alençon » qui fait de la production de la ville « La Reine des dentelles ». Elle doit ce nom à la beauté des motifs obtenus à l’aiguille par un réseau de mailles bouclées, de points de fantaisie et de reliefs.
Colbert crée alors, en 1665, une manufacture de privilège royal pour perpétuer cette production d’exception.

Peinture remarquable pour les amateurs d’étoffes anciennes, et des regards provocants, le regarder c’est plonger dans un monde où tout n’est que « luxe, calme et volupté ».
Vers 1700,
Italie.

Hauteur: 120 cm.

Largeur: 93 cm.

Profondeur: 6 cm.

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